ESA – ENAC – Sc Po : travail en cours

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Soljénytsine

Dans le défilé des Thermopyles (480 av. JC) les Spartiates menés par Leonidas se battirent contre les Perses à un contre sept, opposèrent une résistance totalement imprévisible, furent trahis par l’un des leurs et encerclés, moururent tous, mais retardèrent l’avancée des Perses de trois jours, ce qui permit à la flotte grecque de se réorganiser et de vaincre leurs ennemis dans le détroit de Salamine.

       Spartes était le modèle de la cité courageuse, mais les citoyens des autres cités étaient aussi enrôlés dans l’armée et se montraient prêts à mourir pour sauvegarder leurs lois. La lâcheté était, à l’orée de la civilisation occidentale, considérée comme le pire des vices civiques. Or d’après A. Soljénitsyne, célèbre écrivain et dissident du régime soviétique, emprisonné puis expulsé pour avoir dénoncé le stalinisme et les Goulags, ce courage a très fortement décliné en Occident, ce qui pourrait être le symptôme de la fin prochaine de cette civilisation. Mais en affirmant cela, l’auteur rejoint un vaste courant d’idées datant du début du XXe siècle, s’acharnant à déceler ainsi des signes du déclin de l’Occident, en regrettant un passé en grande partie idéalisé, ou en éternisant des valeurs tout en les estimant perdues, d’où l’idée quasi-contradictoire que le courage a « toujours été considéré » comme un symptôme de mort annoncée de la civilisation (occidentale ou autre, c’est l’ambiguïté de cette question). Aussi bien, peut-être faut-il pour analyser une situation géopolitique (celle de la Guerre froide est le contexte implicite de ce discours de Harvard) autrement qu’en termes moraux ou même autrement qu’en termes de déclin. Dès lors, faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ?

       Nous verrons d’abord les arguments qui vont dans le sens de ce rappel nécessaire, puis ceux qui permettent une explication non décliniste, plus interrogative en fait, de l’histoire et du présent de l’Occident.

Mon bonheur d’être à Harvard n’interdit pas une sincérité sans aménité.

Ce sera la même, acceptée ou non, que lors de mon dernier passage dans votre pays.

L’Occident perd le sens du courage, chez les meneurs et les penseurs et globalement, malgré certaines exceptions. Les premiers cités confondent réalisme subtil et soumission volontaire. Ils paraissent courageux face à des Etats morbides ou des groupes déconsidérés, mais restent stupides face aux ennemis vraiment dangereux. N’est-ce pas le symptôme d’une civilisation mourante ?

Hegel

La volonté des grands hommes est la même que celles de leurs peuples, mais les premiers la formulent positivement, alors que les seconds ne savent que ce qu’ils ne veulent pas ; ceux-ci s’opposent donc à leurs dirigeants tout en s’accordant profondément avec eux ; l’histoire avance ainsi, chaque peuple prenant finalement conscience du rôle qu’il y jouait.     

Les grands hommes servent donc l’histoire plus qu’eux-mêmes : paradoxalement, l’accomplissement de leur souhait ne fait pas leur bonheur. (85 mots)

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