La science

Bibliographie d’été

Bibliographie alternative (littérature, cinéma, autres médias)

Séance du 02.09 :

Programme et organisation du cours, voir début de la page agenda.

Importance des connaissances de transfert

Différence thème/ dominante

Introduction

– Introduire la science, c’est se placer à la fois en elle et en-dehors d’elle ; ce que l’on ne cessera de faire, car telle est la position de la philosophie sur la science, qui n’est pas seulement “la science” ni “la philosophie de la science” ou l’épistémologie.

– Le discours scientifique doit être l’expression la vérité – relation science – vérité

  • La science est la vérité se définissent l’une par l’autre
  • Et pourtant la science n’a pas le monopole de la vérité; distinguer discours scientifique / discours qui se revendique d’une vérité non scientifique (amour, [suite début du prochain cours] promesse, foi) /discours qui se définit par un écart plus ou moins grand vis-à-vis du vrai (art, fiction, question de la vraie semblance et de la vraisemblance) ; d’où l’articulation “vraie vérité” et sens, signification et sens.
  • La science livre la vérité la plus vraie : selon des critères définis de vérification, ceux de la démonstration : règles du raisonnement et relation à l’expérience. Sciences pures et sciences expérimentales. Les règles de la démonstration varient selon les sciences.
  • Différence expérience / expérimentation
  • Différence expérimentation / application : lien science et technique.
  • La démonstration, en elle-même et dans sa relation avec l’expérimentation, implique :
    • une temporalité logique
    • une temporalité historique

– La science est ainsi la présentation paradoxale du vrai

  • elle présente le vrai comme tel / celui-ci n’existe que dans son déploiement logique – historique.
  • intuition / déduction

– Donc la science devient actualité de la recherche – ce qui diffère la présentation de la vérité comme telle

  • Paradoxe du Ménon de Platon : Ménon, 80e : pour chercher la vérité il faut savoir ce qu’on cherche, donc il faut déjà posséder la vérité.
  • Solution platonicienne : la réminiscence
  • Solution moderne : la recherche, au rythme des découvertes.
  • La présentation du vrai est donc le présent actuel de la recherche. La science est la science actuelle.
  • Cf. chez Popper la théorie des trois mondes. Le monde 3 est celui des “contenus objectifs de pensée” et repose sur “le contenu des revues, des livres et des bibliothèques” : lire cet extrait et l’article Wikipédia sur les trois mondes.
  • L’actualité des sciences est celle des publications : la publication (nombre et citation des articles publiés) devient la clef de l’évaluation de la recherche ; mais ce critère d’évaluation, déterminant dans le financement de la recherche est-il scientifique ? Il est plutôt inspiré directement de celui de l’économie néolibérale (productivité). D’où le débat sur l’évaluation quantitative/ qualitative de la recherche. Voir sur ce point cet article Wikipédia et la Déclaration de San Francisco
  • Aborder la science c’est connaître cette actualité, ce qui se nomme “veille scientifique” (effectuée par les laboratoires, les administrations, les entreprises). Importance d’effectuer au cours de l’année sa propre veille scientifique.
  • Ainsi la science se trouve liée à toute l’actualité : sociale, politique, etc.
  • C’est de cette manière que la science est plongée dans le monde, dépend de l’état de la société, des pressions politiques, etc. Cf. la critique politique de la recherche ; voir cet article de Pierre-Carl Langlais et ce discours du Président Sarkozy sur l’insuffisance des publications scientifiques françaises en 2009

L’actualité de la science est aussi un moment de l’histoire des sciences

  • Un tournant fondamental : justement celui entre une science éternelle, fondée sur la métaphysique, et une science définie par l’actualité des théories et de la recherche, donc impliquant l’historicisation de la vérité (début XXe s.)
  • Ce tournant est aussi celui de la pluralisation des sciences : plus de système unique, mais des sciences irréductibles les unes aux autres, ayant chacune leurs modes de démonstration, d’expérimentation, etc. Grande différence sciences de la nature / sciences humaines, mais aussi quantité de différences internes.
  • Ce tournant est aussi celui où toute l’histoire des sciences devient épistémologique, sociologique, politique…
  • … et où il s’avère que l’histoire elle-même évolue au rythme de ses théories : d’où la nécessité d’une histoire de l’histoire, l’historiographie (cf. plus haut sur l’Ecole des Annales).

– D’où la problématique de cette année :

La science entretient un lien privilégié avec la vérité, elle est la présentation du vrai comme tel / elle est aussi ce qui éloigne la vérité, la diffère, ne la présente jamais comme telle.

On avait commencé par souligner le paradoxe d’une introduction à la science, qui exige de se placer à la fois dans et hors d’elle. Ce paradoxe se retrouve dans la relation science – vérité :

la science est-elle dans la vérité ?

I. Présent et crise de la science

On a défini la science par son actualité : si elle présente le vrai, c’est au présent, donc en s’écartant de ses résultats passés. On choisira donc de partir de la science actuelle.

Notre époque n’est cependant pas un âge de la science : elle est plutôt celle qui s’appuie sur l’idée que toute vérité scientifique est relative, provisoire, pour lui préférer d’autres croyances: opinion, pseudo-science, complotisme, mais aussi foi dogmatique. On peut dire que notre présent se définit par la “post-vérité”, le retour des religions, la rupture entre politique et science, l’indifférence face à la recherche scientifique, son appauvrissement pour des raisons budgétaires… la science n’est pas plus écoutée quand elle démontre les dangers qui découlent du progrès techno-scientifique lui-même (le réchauffement climatique). On assiste à une fin, ou plutôt une mutation, de la civilisation, sans savoir où cela nous mène.

D’où la nécessité de revenir sur ce qui fait l’origine de notre actualité: cette crise, qui est aussi un renouvellement, de la science au début du XXe s. : sa place s’est affaiblie parce qu’elle a gagné en capacité de remise en cause, également en exactitude – et en complexité. Paradoxalement, la science progresse d’autant plus qu’elle a perdu sa suprématie.

A. Les sources de la science actuelle

Le dernier âge de la science est le positivisme, qui naît dans les années 1830 (A. Comte), se généralise et devient scientisme dans la seconde moitié du XIXe s.

Au début du XXe s., la science entre en crise avec toute l’Europe : c’est justement le moment où elle renonce à toute vérité définitive, avant même que la première guerre mondiale ne plonge des pays mettant tout le progrès des sciences et des techniques au service de leur destruction réciproque.

Mais comme on l’a dit, cette renonciation est aussi un renouvellement dans tous les domaines : relation entre logique et mathématique, nouvelle physique, autonomisation et progrès de la chimie et de la biologie, développement des sciences humaines et sociales. Parce qu’elle renonce à son dogmatisme et à son unité, la science se dissémine dans l’activité des sciences ; s’il est encore une unité, c’est celle d’un nouvel esprit scientifique.

1. Un nouvel esprit scientifique

Parler de la science comme “esprit” c’est déjà la plonger dans une histoire, qui a suivi différentes étapes.

Cf. Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique : succession de trois “états”:

“1º L’état concret [esprit pré-scientifique] où l’esprit s’amuse des premières images du phénomène et s’appuie sur une littérature philosophique glorifiant la Nature, chantant curieusement à la fois l’unité du monde et sa riche diversité.

L’état concret-abstrait [esprit scientifique] où l’esprit adjoint à l’expérience physique des schémas géométriques et s’appuie sur une philosophie de la simplicité. L’esprit est encore dans une situation paradoxale : il est d’autant plus sûr de son abstraction que cette abstraction est plus clairement représentée par une intuition sensible.

3º L’état abstrait [nouvel esprit scientifique] où l’esprit entreprend des informations volontairement soustraites à l’intuition de l’espace réel, volontairement détachées de l’expérience immédiate et même en polémique ouverte avec la réalité première, toujours impure, toujours informe.”

Remarques : la périodisation est assez mouvante, puisque Galilée et Descartes montrent que la physique est plutôt dans le second état dès le XVII e s.

La difficulté pour changer d’état, en particulier pour passer à l’état scientifique ou abstrait sont les “obstacles épistémologiques”: “c’est en termes d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique.”

Obstacles : l’expérience première, la connaissance générale, l’obstacle substantialiste, l’obstacle animiste.

voir ce résumé de La Formation de l’esprit scientifique.

A partir de là, on peut mieux décrire les sources de notre période (l’état abstrait) : Bachelard, Le nouvel Esprit scientifique.

“La science simplifie le réel et complique la raison” (introduction); elle devient contre-intuitive. “Après avoir formé, dans les premiers efforts de l’esprit scientifique, une raison à l’image du monde, l’activité spirituelle de la science moderne s’attache à construire un monde à l’image de la raison. L’activité scientifique réalise, dans toute la force du terme, des ensembles rationnels.” (introduction).

Exemple à retenir: du morceau de cire de Descartes à la physique des surfaces : Le nouvel Esprit scientifique, VI “L’épistémologie non-cartésienne”,5, p. 126 sq du pdf. A comparer avec la Seconde des Méditations métaphysiques de Descartes (repères 256-9).

Lire également VI,6, conclusion de l’ouvrage: “L’esprit a une structure variable dès l’instant où la connaissance a une histoire.” “l’esprit scientifi-que est essentiellement une rectification du savoir, un élargissement des cadres de la connaissance. Il juge son passé historique en le condamnant. Sa structure est la conscience de ses fautes historiques. Scientifiquement, on pense le vrai comme rectification historique d’une longue erreur, on pense l’expérience comme rectification de l’il-lusion commune et première. Toute la vie intellectuelle de la science joue dialectiquement sur cette différentielle de la connaissance, à la frontière de [174] l’inconnu. L’essence même de la réflexion, c’est de comprendre qu’on n’avait pas compris.”

2. La nouveauté de la physique

a. La physique galiléenne
  • Chute des corps et plan incliné. Lire ce document et retenir les formules : les distances parcourues par un corps en chute libre sont proportionnelles au carré des temps ; pour la vitesse, d = t2 ; pour l’accélération : d2 / d1 = t22 / t12
  • Principe d’inertie
  • Principe de relativité
b. L’expérience de Michelson – Morley et le facteur de Lorentz
  • si la lumière se déplace à vitesse constante dans l’Ether, alors, si on fait une mesure de cette vitesse dans le sens du déplacement de la Terre par rapport à l’Ether, on doit obtenir un résultat plus faible que si la mesure est faite dans la direction opposée. La différence nous donne alors une estimation de la vitesse de la Terre dans l’Ether.
  • Or Michelson-Morley ne mesurent aucune différence : La vitesse de la lumière est la même dans toutes les directions. C’est une constante (C).
  • Le facteur Gamma ou facteur de Lorentz : Pour retrouver cette différence, donc la relativité du mouvement entre deux mobiles, il ne suffit pas d’ajouter ou de soustraire la vitesse d’un mobile (V1 + V2, ou V1-V2); il faut un facteur de transformation qui inclut la vitesse de la lumière, découvert par Lorentz :  
c. La relativité restreinte (Einstein, 1905)
  • Les lois de la physique sont les mêmes dans tous les référentiels inertiels
  • Dans un repère inertiel, la vitesse de la lumière C, est toujours la même, qu’elle soit émise par un objet en mouvement ou en repos.
  • Contraction relative de la longueur (L) d’un mobile par rapport au centre de référence qui mesure sa vitesse : L/Gamma
  • Dilatation relative du temps de déplacement d’un mobile par rapport au centre de référence qui mesure sa vitesse : T x Gamma
  • Pour des vitesses très inférieures à celles de la lumière, Gamma est très proche de 1: on retrouve la mécanique galiléeinne – newtonienne ; plus V est grand, plus Gamma est grand (divergence vers +infini), et dans ce cas, la mécanique classique donne des résultats faux, on a besoin d’introduire le facteur gamma.
    • 100 km/h : Gamma : 1.000000056 ; contraction de l’espace :  0.999999944 ; dilatation du temps :  
      1.000000056
    • 0.9 C : Gamma 2.29 ; contraction de l’espace : 0,44 ; dilatation du temps : 2,29
    • vitesse de la lumière, C: Gamma : infini ; contraction de l’espace 0 ; dilatation du temps : 0 ; autrement dit la vitesse d’un photon (celle de la lumière) est indépassable.  
  • exemple : le muon est une particule instable, ce qui signifie qu’elle se détruit peu de temps après avoir été crée, et se désintègre en particules plus légères. On a effectivement mesuré qu’un muon qui se déplace à une vitesse proche de celle de la lumière vit plus longtemps qu’un muon qui se déplace moins vite. C’est une conséquence directe de la dilatation du temps, plus importante à grande vitesse. Par contre, du point de vue du muon lui-même, c’est à dire dans le référentiel dans lequel le muon est au repos, il vit toujours le même temps, car vu de son propre point de vu, le muon étant au repos, gamma=1 exactement. Ainsi un muon peut traverser l’atmosphère en allant, pour l’observateur (pas pour le muon) au-delà de son temps de survie.
  • La dynamique :
    • Les formules de l’énergie cinétique
      • E = MV (Descartes)
      • E = MV2 (Leibniz)
      • E = 1/2 MV2 (Newton), formule retenue en physique classique)
      • Ec = (gamma -1) x MC2 (Einstein)
      • Remarques :
        • on note Ec parce que l’énergie cinétique se distingue alors de l’énergie de masse
        • pour des valeurs faibles on retrouve, avec une différence infime, la formule classique E = 1/2 MV2
    • L’énergie de masse ou énergie au repos : E = MC2
      • découverte par Einstein comme corrolaire de l’énergie cinétique : la cohésion des corps atomiques repose sur cette force considérable.
      • toute masse est équivalente à une énergie
      •  quand on casse un noyau d’atome par l’énergie cinétique d’un corpuscule, la masse des constituants séparés du noyau est inférieure à celle du noyau lui-même. Cette différence de masse est convertie en énergie selon la relation E=MC2: sous forme explosive dans la bombe atomique, sous forme de chaleur dans un réacteur de centrale électrique. Cette fusion est une réaction en chaîne (les corpuscules échappées du noyau rencontrent d’autres noyaux etc.). L’inverse est la fission, qui a lieu dans les étoiles et les EPR.
      • De la théorie à l’application technique : 40 ans (1905 – 45). L’application est à la fois militaire et civile. Voir cet article sur le programme nucléaire américain. Cf. le film Oppenheimer de Christopher Nolan (2023). Voir cet article sur le programme Plowshare américain et celui-ci sur le programme 7 soviétique.
d. La relativité générale (Einstein, à partir de 1907)
  • Le but est de généraliser la théorie de la relativité restreinte (valabre avec un système de référence inertiel : vitesse constante et uniforme) à tous les types de repères ?
  • Le repère le plus simple qui ne soit pas inertiel est le repère uniformément accéléré. Calculer la relativité des vitesses dans ce contexte permet d’expliquer la gravité : la masse d’un corps dans un ascenseur qui accélère vers le haut augmente / elle diminue si l’ascenseur accélère en descente.
  • D’où un principe d’équivalence entre un référentiel uniformément accéléré et un champ de gravitation.
  • Un champ de gravitation est une déformation de l’espace-temps, semblable à celle d’une toile tendue sur laquelle on pose un objet: les corps en mouvement pris dans le creux de la toile gravitent autour de cet objet.
  • de la théorie à l’expérimentation: l’éclipse solaire de 1919.
  • Bachelard en généralisant à partir de la vitesse : “C’est au moment où un concept change de sens qu’il a le plus de sens”. Lire Le nouvel Esprit scientifique, II “La mécanique non-newtonnienne”. Retenir les développements compréhensibles.

Pourtant, c’est aussi le moment où la science perd son sens… La crise interne à la science s’accompagne en effet d’une crise de la science vis-à-vis de l’existence humaine en général.

B. La crise globale de la science et son origine.

Reste à expliquer la crise elle-même. Ce qui exige d’évaluer la science vis-à-vis des autres champs, la question étant aussi de savoir si cette évaluation relève ou non de la science.

1. Une crise du sens

La science s’est éloignée des autres domaines, elle a rompu avec le langage – et le premier effet est son détachement vis-à-vis de la politique

Extrait de Hannah Arendt, La Condition de l’homme moderne

1. L’explication de la crise

Quelle science peut nous faire comprendre cette crise ? Une science nouvelle.

La Phénoménologie de Husserl (première approche)

  • La Philosophie de l’arithmétique ; la question de l’accès aux idéalités mathématiques.
  • Les Recherches logiques: visée (Meinung) et remplissement intuitif ; les actes visant des idéalités logiques et mathématiques sont fondés sur la perception.
  • La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale (1935) : décrire cette crise et les actes qui se situent à son origine. La description n’est pas une déduction : la déduction est le propre des sciences exactes, la description est au fondement des sciences rigoureuses. article de Husserl, “La philosophie comme science rigoureuse” / la déduction appartient aux sciences exactes.

La description de la crise elle-même :

  • La Crise… § 2 : « dans la détresse de nos vies, c’est ce que nous entendons partout – cette science n’a rien à nous dire. Les questions qu’elle exclut par principe sont précisément les questions qui  sont les plus brûlantes à notre époque malheureuse pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin [NB: on est en 1935] : ce sont les question qui portent sur le sens ou sur l’absence de sens de toute cette existence humaine »
  • Même les sciences humaines (les “sciences de l’esprit”) s’en tiennent à des faits et non des valeurs: des sciences humaines, sc de l’esprit, qui s’en tiennent à des constats sur les valeurs ; « de simples sciences de fait forment une simple humanité de fait ».
  • Conférence de Vienne, “La crise de l’humanité européenne et la philosophie” : naturalisme des sciences de la nature et des sciences de l’esprit; le fil conducteur de la médecine ; l’implicite des pseudo-sciences du nazisme. La conclusion : “Le motif de l’insuccès d’une culture rationnelle réside cependant, comme nous le disions, non dans l’essence du rationalisme lui-même, mais uniquement dans son extériorisation, dans son engloutissement dans le « naturalisme » et « l’objectivisme ». La crise de l’existence européenne n’a que deux issues : soit la décadence de l’Europe devenant étrangère à son propre sens vital et rationnel, la chute dans l’hostilité à l’esprit et dans la barbarie ; soit la renaissance de l’Europe à partir de l’esprit de la philosophie, grâce à un héroïsme de la raison qui surmonte définitivement le naturalisme. Le plus grand danger pour l’Europe est la lassitude. Luttons avec tout notre zèle contre ce danger des dangers, en bons Européens que n’effraye pas même un combat infini et, de l’embrasement anéantissant de l’incroyance, du feu se consumant du désespoir devant la mission humanitaire de l’Occident, des cendres de la grande lassitude, le phénix d’une intériorité de vie et d’une spiritualité nouvelles ressuscitera, gage d’un avenir humain grand et lointain : car seul l’esprit est immortel.”
  • Comparer avec la correspondance entre Einstein et Freud, “Pourquoi la guerre” (1932), extrait de Freud : “Je trouve, dans une critique que vous portez sur l’abus de l’autorité, une seconde indication pour la lutte indirecte contre le penchant à la guerre. C’est l’une des faces de l’inégalité humaine, — inégalité native et que l’on ne saurait combattre, — qui veut, cette répartition en chefs et en sujets. Ces derniers forment la très grosse majorité ; ils ont besoin d’une autorité prenant pour eux des décisions auxquelles ils se rangent presque toujours sans réserves. Il y aurait lieu d’observer, dans cet ordre d’idées, que l’on devrait s’employer, mieux qu’on ne l’a fait jusqu’ici, à former une catégorie supérieure de penseurs indépendants, d’hommes inaccessibles à l’intimidation et adonnés à la recherche du vrai, qui assumeraient la direction des masses dépourvues d’initiative. Que l’empire pris par les pouvoirs de l’Etat et l’interdiction de pensée de l’Eglise ne se prêtent point à une telle formation, nul besoin de le démontrer. L’État idéal résiderait naturellement dans une communauté d’hommes ayant assujetti leur vie instinctive à la dictature de la raison. Rien ne pourrait créer une union aussi parfaite et aussi résistante entre les hommes, même s’ils devaient pour autant renoncer aux liens de sentiment les uns vis à vis des autres. Mais il y a toute chance que ce soit là un espoir utopique. Les autres voies et moyens d’empêcher la guerre sont certainement plus praticables, mais ils ne permettent pas de compter sur des succès rapides. On ne se plait guère à imaginer des moulins qui moudraient si lentement qu’on aurait le temps de mourir de faim avant d’obtenir la farine.”

Pour vraiment comprendre la crise des sciences, selon Husserl, il faut une suite de pas en arrière

b. Premier pas en arrière : Galilée et la mathématisation de la nature, ou l’origine de la crise

Krisis, § 8: Galilée : mathématisation de la nature : exige la projection du plan géométrique sous les phénomènes, si bien qu’ils deviennent quantifiables. Galilée : “le livre de la nature s’écrit en langage mathématique”.

La science est donc à la fois découvrante et recouvrante ; elle place sur les phénomènes un “vêtements d’idées”.

c. Deuxième pas en arrière : la Grèce antique, ou l’origine historique de la science

La Conférence de Vienne : l’idée grecque de theoria, tâche infinie de la pensée.

d. Troisième pas en arrière : l’origine idéale de la science (le protogéomètre) et le monde de la vie

Husserl, L’Origine de la géométrie

Le monde de la vie.

e. La terre ne se meut pas

Sur Husserl, lire :
f. La science ne pense pas (Heidegger)

Lire dans Heidegger, Essais et conférences : Science et méditation” (p. 49-79) et “Que veut dire penser ?” (p. 151-169).

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